Adieu 2023, vive 2024 ?

Ainsi va la vie…faite de joie, puis aussi de tristesse.
Les émotions sont parfois (toujours ?) envahissantes, débordantes, motrices ou destructrices. Apprendre à les reconnaître, les aimer, les canaliser, en faire « quelque chose », semble un apprentissage essentiel à faire à tout âge.
Je vous livre ce jour cette petite pièce qui réunit légèreté, tristesse, colère, détermination.
Que 2023 s’en aille bien vite aux oubliettes en ce qui me concerne, et que 2024 laisse les portes, les fenêtres, et les coeurs aussi, s’ouvrir lentement mais sûrement.
Je nous souhaite une année 2024 intelligente et bienveillante , et que nous puissions chacun faire notre part , même infime, pour un monde moins dur, moins violent, plus respectueux de nos différences.
Belle année à vous !

suivez ce lien =>https://youtu.be/hJdZYL1_cQs


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Je ne sais…

Me construire était jusqu’alors toujours passé par la musique, le piano, les compositeurs, les partenaires, les instruments, les salles, le public. L’émotion.

Un évènement, somme toute assez banal, m’a soudain rendue vide. Muette. Ces quelques notes que j’ai réussi à jouer en ce mois de mars 2023 sont-elles un vestige de ma vie d’avant ou un début de retrouvailles ?
Je ne sais.
Sont-elles habitées de l’émotion qui m’a guidée vers elles ?
Je ne sais.
Je ne ressens plus rien.
J’y ai mis tout ce que j’y mets d’habitude, mais c’est comme si c’était une autre qui le faisait à ma place. Ces notes ont-elles un sens alors ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Scriabine, préludes opus 11 N° 1 / 16 / 21 / 14.


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Gratitude

« Elle ». Peut-être la rencontre la plus fondamentale de ma vie, juste après celle de mes parents… Celle sans qui tant d’ autres n’auraient sans doute pas eu lieu.
« Elle » c’est Francine.
J’ai pris mon premier cours de piano avec elle lorsque j’avais 7 ans. Elle avait, elle a toujours, 40 ans de plus que moi. Des yeux d’un bleu clair parfaitement transparent, un regard vif, une attention toujours en éveil, une parole claire, cadencée, rapide. Une patience d’ange aussi !!! Mon dieu, les doigtés des gammes, les fa dièses régulièrement oubliés, les (in)compréhensibles incapacités à travailler telle oeuvre, la fulgurance d’apprentissage d’une autre… avec cette écoute sans concession, et donc toujours si porteuse lorsque venait le compliment. De mes premiers pas à mon entrée au Conservatoire Royal, elle m’a accompagnée, guidée, instruite, aimée.
Aujourd’hui, j’ai pu jouer pour elle. Elle a perdu quelques bouts de sa mémoire, ne m’a pas reconnue, mais m’a écoutée avec le même plaisir, la même attention, et tant d’enthousiasme ! Je la sentais vibrer, presque danser, et je l’entendais chanter… Quelle émotion , quel partage. Peu importe la « réalité » de sa mémoire défaillante, j’ai la certitude que nos coeurs se sont parlés. Elle m’a félicitée pour mon jeu si clair, si juste et si musical. Elle m’a serré la main et ses yeux bleus plantés dans les miens m’a dit avec un grand sourire : « Je suis ravie de vous avoir rencontrée! ».
Finalement, sans occulter la fatalité si dure de cette maladie, je suis repartie avec la magie merveilleuse de cette « deuxième » rencontre si chaleureuse.
Merci Francine.
Merci Jenny d’avoir permis ce moment combien précieux.
Merci la vie.


Si peu…

Si peu de notes suffisent…pour tout dire, comme parfois si peu de mots…

Quelques fois, que dire ?
Rien.

« Ecoute le vent, il chante. Ecoute le silence, il parle. Ecoute ton coeur, il sait. »
Proverbe amérindien .


Johannes

En temps « normal » il m’arrive souvent de penser à tous ces milliards de gens que l’on ne connaîtra jamais… ainsi qu’à ces quelques personnes que l’on croise, puis qui disparaissent en nous laissant ce goût de trop peu. Qui est-il/elle qui nous a fait vibrer sans que l’on on ne sache jamais pourquoi ? Comme un reflet de lumière dans une fenêtre qui s’ouvre ou qui se ferme. Fugasse, souvent. Insistant parfois.

En ce temps de confinement, comment ne pas penser sans cesse à ceux que nous aimerions avoir en face de nous, aux échanges de regards, de sourires, de tendresse avec nos proches, familles, amis, connaissances, collègues, et autres accompagnants plus précieux qu’on ne le croit ?

Et puis, puisqu’on a le temps, pourquoi ne pas penser à tous ces gens qui ont existé avant notre passage sur terre ? Qui voudriez-vous connaître ? Si je pouvais choisir de rencontrer l’une de ces personnes, sans hésitation aucune, je choisirais Johannes. Johannes Brahms. Parce que sa musique me parle, me remplit, me traverse, fait vibrer la moindre de mes cellules. Mais aussi parce qu’à travers sa musique, c’est l’homme que je suis curieuse de connaître. Quand j’écoute et je joue sa musique, c’est son coeur que je devine, c’est « sa » voix d’homme que j’entends. La sienne, ou la mienne, ou celle de l’univers …comment savoir ? Cela ne garantit pas que je sois digne de partager sa musique, que mon interprétation soit fidèle à ce qu’il était ou à ce qu’il y a mis. Mais cela me donne quelques fois l’impression qu’il respire avec moi lorsque ses notes émergent de mon piano. Cette sensation est l’une des plus précieuses que je connaisse. Enregistrer Brahms est bien plus difficile pour moi que d’enregistrer Debussy. Parce que cette musique est un dialogue plus qu’un récit, un dialogue avec la présence des autres, ceux qui écoutent et renvoient l’énergie des vibrations reçues, et que dialoguer avec un téléphone accroché avec un élastique n’est pas vraiment un échange. Alors, tant pis. Ce sera différent au prochain concert post-confinement ! et j’espère que vous serez là pour partager avec moi les merveilles de mon si cher Johannes dans un temps pas trop lointain.


Mélancolie…

…d’un soir de confinement. Quelle merveille cette courte pièce d’Alexander Scriabine. Et quelle chance qu’il l’ait écrite. Je me sens comme une « passeuse » privilégiée, une « traductrice », je pourrais même dire… une interprète ?, entre cette musique qui parle à mon coeur, et celles ou ceux qui entendront ces « mots » à travers mon piano. Cette place-là, c’est bien la mienne assurément. Enfin, je crois…


Conditions très « spéciales » (encore ? déjà?)


Il faisait 5 degrés dans la cathédrale ce jour-là. Sept braves personnes sont venues nous écouter. Je suis la seule à avoir eu un public nombreux puisque les courageux choristes du Choeur Lacordaire, dirigés par Martine Migliaccio, m’ont écoutée religieusement, sans trembler (ce qui est un véritable exploit par ce froid !). Tenue de concert, pull, doudoune, écharpe et doigts gelés n’ont pas empêché la magie du lieu, du moment, des circonstances, de nous accompagner tout au long de ce concert givré.

Version de concert pour ces « Poissons d’or » de Claude Debussy .


Vous avez dit « confinement » ?

Depuis chez soi. Du temps, mais pas de matériel. Un programme, mais pas de public. Un piano tout vieux et fatigué et un son de téléphone tout métallique. Qu’à cela ne tienne, c’est un bon exercice pour moi que ces enregistrements sans retouches ! et peut-être de quoi vous donner l’occasion de vous échapper un peu de ce quotidien très spécial avec ces pages merveilleuses de Debussy …

Debussy Images 2ème cahier 1/3
Debussy Images 2ème cahier 2/3
Debussy Images 2ème cahier 3/3


Noël avant l’heure

Ce week-end, mes élèves, petits et grands, m’ont offert le plus beau des cadeaux: 2 auditions merveilleuses, où chacun a rassemblé tout ce dont il est fait pour donner le meilleur à l’instant T devant des parents émus et moi-même , à la fois émerveillée et confortée dans mes croyances : l’approche bienveillante que Jean Fassina m’a révélée et leurs capacités chaque fois un peu plus évidentes ont créé une alchimie infiniment touchante. Merci à Adrien, Ana, Anouk, Athéna, Elliot, Eric, Hanaé, Hortense, Josiane, Lili, Louka, Margaret, Olivier, Tom pour ce Noël avant l’heure !